Color Silk, c’est d’abord la vision d’une jeune femme cambodgienne. Fraîchement diplômée de l’université royale de droit et d’économie, Vanntha Ngorn, fille de tisserande, a un rêve, ou plutôt deux : permettre d’une part aux femmes en détresse dans les milieux ruraux de sortir de leur misère, et d’autre part sauvegarder le savoir faire du travail artisanal de la soie, une des anciennes richesses du Cambodge vouée à disparaître.
L’entreprise
En 2008 elle gagne un concours étudiant de business plan. En 2009, une crise économique affecte le pays, et en particulier la filière de la soie. Les femmes sont forcées à quitter les leurs pour trouver du travail à l’étranger, les familles ne peuvent plus se permettre d’envoyer leurs enfants à l’école, ou n’y envoient que les garçons.
C’est de là que naît Color Silk en 2009, entreprise à but social spécialisée dans le travail de la soie. Color Silk emploie essentiellement des femmes ayant très peu de moyens en milieux rural. Ces femmes sont éduquées en premier dans le métier de tisserande, mais à présent aussi de couturières ou même styliste et reçoivent une aide pour s’équiper localement, ainsi que de la matière première. Cela leur permet ainsi de rester dans leur village, auprès de leur famille, tout en ayant un emploi stable et rémunéré correctement qui leur permet d’offrir enfin une éducation à leurs enfants.
L’entreprise Color Silk rafle régulièrement des prix, que ce soit dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin, ou du développement. De 10 membres de la communauté de tisserandes en 2009, la structure est passée à 500, implantés dans 6 villages de la province de Takeo. Une centaine de métiers à tisser permettent une production moyenne de 1200 m de soie et 360 écharpes de très belle qualité par mois.
La fondation
En 2011, Color Silk créée une fondation pour gérer le centre de formation au tissage de la soie de Slar dans la province de Takéo. Les femmes qui suivent ces formations peuvent ensuite devenir membre de l’entreprise Color Silk.
Depuis 2014, de nouvelles subventions permettent à la fondation de se diversifier pour couvrir toutes les étapes de la filière de la soie à travers 3 nouveaux programmes:
- La réintroduction de la sériciculture au Cambodge : en effet celle-ci avait presque disparu, et 90% de la soie utilisée au Cambodge provient du Vietnam. Or la soie traditionnellement produite au Cambodge, la « soie dorée« , est d’une très belle qualité, plus résistante, lumineuse et brillante que la soie blanche plus répandue. La fondation encourage les paysans à planter des mûriers et éduquer le ver à soie sur leurs terres grâce à des contrats agricoles alléchants.
- La sensibilisation des producteurs et tisseurs de soie à l’écologie : former à l’utilisation de colorants non toxiques, pour préserver l’environnement et plus particulièrement l’eau de la pollution due aux colorants chimiques, ainsi que pour la santé de tous ceux qui travaillent avec la soie teinte. Color Silk n’emploie déjà que des teintures certifiées oeko-tex, et Vanntha souhaite développer l’utilisation de colorants naturels provenant de plantes locales.
- La formation à travers des stages et des ateliers au métier de couturière ou styliste : pour pouvoir proposer une gamme élargie de produits finis plus attrayants pour les acheteurs.
Color Silk – entreprise et fondation – reste une petite structure gérée par la seule Vanntha Ngorn aidée d’une assistante et qui n’a ni l’envergure ni la visibilité des plus grands. Mais Vanntha réussi quand même son pari à son échelle : sauver de la pauvreté 500 femmes, et par ce biais, améliorer les conditions de vie d’un total de 12000 personnes, tout en sauvegardant le savoir faire traditionnel du travail de la soie, de la production du fil au tissage et à la confection. Bravo !